Nos compères au fil du temps rivalisaient de fantaisies et de nouvelles idées, ils changeaient, par exemple, la veille d’une course, complètement le sang du cheval par deux perfusions, une qui aspirait le sang et l’autre qui redonnait a l’étalon un sang nouveau carrément oxygéné, ce qui donnait au cheval une vitalité, une force incroyable. Ce genre de procédé est impossible de nos jours, je rassure les parieurs, les détections et contrôles sont extremement strictes et performants.
Ils deféraient également leurs chevaux ce qui pouvait faire gagner à un cheval entre une et deux secondes, ce qui est énorme, lorsque l’on sait qu’au trot une seconde représente à peu près 20 mètres à l’arrivée, cette information est maintenant dans la presse hippique c’est une obligation de l’entraineur de déclarer son intention de déférer son cheval.
Il n’existait pas que des drivers corrompus, Jean-René Gougeon, le crack driver des années 70- 80, s’est un jour laisser pieger par Pierre et Paul, il devait driver ce jour là un cheval appartenant à Pierre-Désiré Allaire.
Sachant qu’il etait inutile de demander à Jean-René Gougeon de « bigorner » ce qu’il aurait refusé, ils ont tout simplement ferrés le cheval à l’envers. Imaginez si vous voulez courir en mettant vos chaussures à l’envers.
Le cheval était archi favori, avec le crack de Vincennes de plus Jean-René Gougeon dit « le pape » tellement il drivait à merveille, le cheval évidemment malchaussé ne trotta pas, il n’avancait pas ce qui fît bien l’affaire au PMU de nos compères. Jean-René Gougeon très contrarié après la course leur dit « ne me faites plus jamais ca », en grand professionnel il avait évidemment comprit la supercherie.
En ces années de bonne chair et d’argent facile il etait très facile de donner aux chevaux de courses des emphétamines afin d’ameliorer leurs performances, des anti douleurs en infiltration si un poulain souffrait d’un talon ou d’autres choses, des dérivés de cocaine comme la novocaine bref tout etait bon puisqu’il n y avait pratiquement pas de contrôles ou si peu sérieux.
Un système aussi très usité est le changement de carnet d’un cheval , ce qui permettait de faire courir un cheval à la place d’un autre. Faire courir un cheval de 5 ans contre des bébés de trois ans qui debutent, extrémement dur de ne pas gagner pour ce cheval.
Les systèmes sont dorénavant effectués par informatique puisqu’une puce electronique est implantée dans l’oreille du cheval, c’est un peu sa carte d’identité, il est donc impossible de tricher.
Comme vous pouvez le constater des multitudes de possibilités s’offraient à nos principaux acteurs qui de plus étaient munis d’un esprit immensément fertile.
Le show biz, les voyous et les courses !
Fascination et attirrance réciproque, les liens entre les gangsters et les acteurs ou chanteurs ont toujours été très ambigus. Comment résumer la vie d’un voyou: l’argent, les femmes, les plus grands restaurants, les boites de nuit et le jeu que ce soit les courses ou le casino. Toute leur énergie est déployée pour satisfaire ces paramètres. Les malfrats font tout pour ressembler aux acteurs et les acteurs s’identifient aux mauvais garçons. La puissance, le pouvoir et l’argent facile fascinent les deux parties seul l’ignorance leur fait oublier que tous ces ingrédients sont érigés sur un château de carte branlant. L’acteur peut du jour au lendemain ne plus tourner de films et le gangster mourir avant l’âge ou finir ses jours dans une sombre cellule.
Déjà durant la seconde guerre mondiale Carbone et Spirito, incarnés au cinéma par Alain Delon et Jean Paul Belmondo dans Borsalino, dirigeaient la France des mécreants, ils possedaient les casinos, les nights clubs, ils organisaient des match de boxe truqués, des courses de chevaux truquées. Parmi leurs importantes affaires il géraient également des clubs échangistes comme le célèbre One Two Two dans lequel, fréquemment, se retrouvaient le Préfet Chiappe, le président du conseil Albert Sarrault, l’acteur Raimu, la chanteuse Josephine Baker etc … non pas Eric Woerth il n’était pas né. »Mes relations de bidet » comme s’amusait à le dire Carbone. Les frères Guerini succédèrent à Carbone et Spirito à l’après guerre, ils devinrent les amis et protecteurs des stars comme Alain Delon ou Johnny Hallyday ou bien d’autres et, très astucieux, les Guerinis les utilisaient à titre décoratif.
C’est Jacky Imbert dit Jacky le mat (diminutif de matou qui veut dire en provencal le fou) qui mit »le pied à l’étrier » à Alain Delon dans l’achat des chevaux de courses. Alain Delon fit une demande de couleurs (casaque) au galop tout d’abord, celles-ci lui furent refusées à cause d’un dossier aux renseignements genéraux, assez épais concernant l’affaire Marcovik-Marcantoni, il fit une autre demande au trot ou celles-ci avec un peu d’influence furent acceptées, il acheta 16 chevaux, des poulains, des pouliches, des poulinières et tous ses chevaux, sur la recommandation de son ami Jacky le Mat furent placer chez l’entraineur en vogue Pierre- Désiré Allaire.
Il est de bon ton malgré tout de préciser une chose important Jacky Imbert est le seul à n’avoir participé, ni de près ni de loin, aux courses truquées, il s’y est toujours opposé avec véhémence.
Jacky était driver amateur, il aimait trop les chevaux il en etait passionné, comme d’ailleurs pour les motos et les bateaux, un vrai perfectioniste.Dans tout ce qu’il entreprenait il y allait à fond, comme chanter de l’opéra et même s’ il a excellé dans sa carrière de gangster il aurait pu prétendre à une toute autre destinée.
Pierre Désiré Allaire est au sommet de sa carrière, il a tout en main: les meilleurs proprietaires Alain Delon, Michel Sardou, Guy Lux etc… IL a le gotha des malfrats avec lui. Il est très bien équipé avec Paul Nivol, ils acheteront d’ailleurs un cheval qui participera aux courses truquées et gagnera, ils appelleront ce cheval « Pierre et Paul« .
Allaire gagne tout le Prix d’Amérique avec Grandpré (cheval acheté 30 000 francs a l’époque), tous les autres grands prix: le Paris, le France, le Bourgogne… Les chevaux d’Alain Delon remportent victoires sur victoires notamment avec Fakir du Vivier, Equileo, Gobernagor, Allaire a des participations dans des centaines de chevaux avec le comte de Montesson entre bien d’autres. Il est a la fois éleveur, propriétaire, entraineur, driver et il devient de plus LE PLUS GROS JOUEUR DE FRANCE. On le surnomme LE ROULEAU COMPRESSEUR au PMU tant ses paris changent le cours des cotations, il jouerait même aux bookmakers Anglais et Belges qu’il ruina parait-il.
Pierre-Désiré Allaire commence sérieusement à déranger les institutions, il devient arrogant, inabordable, déplaisant pour certains, il passe ses nuits à jouer dans les cercles Parisiens où il perdra des sommes considérables.
Les Corses, patrons de ses cercles lui effaceront quelques »ardoises » (dettes de jeu) en contrepartie de renseignements sur les courses « arrangées ».
Le poison est injecté, trop de gens sont au courant, trop de gens sont concernés, trop de gens sont « associés » à ces combines, le venin mortel infiltre l’hémoglobine des contaminés par l’appat du gain, des complots se forment, des jalousies se précisent, les gens parlent, ils parlent trop haut, trop fort certains par fanfaronnade, d’autres par jalousie, toutes ces arnaques arrivent aux oreilles des institutions du cheval Français qui en informent la brigade des jeux.
ATTENTION DANGER LE TRAIN VA DERAILLER !